John B. Cobb, théologien du « Process »

Publié le par la rédaction

 
John Boswell Cobb
 
 
 
 
 
 
John Boswell Cobb  
 
John Boswell Cobb (né en 1925) est un théologien protestant américain qui a contribué au développement de la théologie du Process. John B. Cobb était notamment un ministre paroissial de l’Église méthodiste et, de 1958 à sa retraite en 1990, professeur de l’École de Théologie à Claremont, Californie aux État-Unis. En 1971, il a collaboré avec Lewis S. Ford pour la fondation du Journal for Process Studies (Journal des Études du Process) et, en 1973, il a fondé avec David Ray Griffin le Center for Process Studies (Centre pour les Études du Process). Il est né au Japon (vivant, pour la plupart du temps, à Hiroshima et Kobe) où ses parents, des missionnaires méthodistes s’étaient installés. Il était profondément pieux et a développé de fortes convictions morales, luttant contre le racisme et les préjugés de ses contemporains. Il s’est inscrit dans l’armée américaine en 1944, où il a rencontré des intellectuels issus de traditions religieuses différentes, comme le judaïsme et le catholicisme, lui présentant de nouvelles perspectives. C’est pendant cette période qu’il a décidé de devenir pasteur.
 
Cette démarche lui a donné un goût pour la pensée intellectuelle. Il a commencé ses études à l’Université de Chicago, où il a appris toutes les objections du monde moderne au christianisme, afin de répondre à leurs arguments. Cependant, sa foi fut affectée en raison de sa désillusion envers la majorité de ses convictions religieuses antérieures. Espérant résoudre la crise de sa foi et pour réconcilier le monde moderne avec le christianisme, il a commencé ses études à la Divinity School de l’Université de Chicago en 1947. Il a réussi grâce à Richard McKeon, un professeur de philosophie, et Charles Hartshorne, l’un des personnages clefs dans le monde académique nord-américain qui a soutenu et enseigné la métaphysique et la philosophie d'Alfred North Whitehead (1861-1947). A cette époque, Charles Hartshorne a intégré cette pensée whiteheadienne dans ce qu’on va appeler la théologie du Process. Ce terme désigne un courant théologique, principalement anglo-saxon, qui essaie de penser la foi chrétienne en utilisant les notions et catégories élaborées par Alfred North Whitehead (dont le principal ouvrage, Procès et réalité. Essai de cosmologie, est écrit en 1929). [1] Cela donnait à John B. Cobb une confiance nouvelle en Dieu. Il a reçu son Master en 1949 et son Doctorat en 1952 de l’Université de Chicago.
 
John B. Cobb a divisé sa pensée théologique en trois catégories. D’abord, il a essayé de reconstruire une vision du christianisme en appliquant la cosmologie d'Alfred North Whitehead. Son troisième livre, A Christian Natural Theology (1965), présente sa conviction dans l’harmonie entre le perspectif chrétien et la raison humaine (une réflexion de la philosophie d'Arfred North Whitehead). Un autre livre, The Structure of Christian Existence (1967), discute comment les êtres humains ont évolué dans les cultures et communautés religieuses diverses avec un accent mis sur la localisation du christianisme dans le contexte global. Ce livre porte aussi une critique sur la dichotomie étroite entre l’existence authentique et inauthentique en tant que seuls alternatifs présents dans la définition existentialiste.
 
Puis, dans Christ in a Pluralistic Age (1975), John B. Cobb a voulu réconcilier la particularité de la foi chrétienne avec le pluralisme et l’ouverture, établissant ainsi une christologie qui tente d’inclure et de dépasser le particularisme de Jésus. Il s’agit du dynamisme créateur ou de puissance transformatrice de Dieu, qui domine sa pensée. Ici, surtout pour la philosophie et la théologie du Process, Dieu est « bipolaire », absolu (comme puissance de créativité) et relatif (comme dépendant du reste de l’univers). Dans ce cadre théologique, et pour John B. Cobb en particulier, le Christ, qui indique une fonction ou un titre et est distinct du Jésus historique, désigne cette puissance de créativité à l’œuvre dans le monde et dans nos vies. Ce qui rend Jésus si important pour la foi chrétienne, c’est que l’ensemble de son existence est structuré par la présence transformatrice de Dieu.
 
Enfin, il soutenait « une théologie au service de l’Église ». Ici, il a accentué l’importance central du Christ comme l’espoir du monde et l’importance central de l’Église dans sa proclamation de lui. Il a écrit notamment sur la prière (Praying for Jennifer, 1985), sur l’accompagnement pastoral (Theology and Pastoral Care, 1977), sur la prédication (Biblical Preaching on the Death of Jesus, 1989, un travail en collaboration), sur l’éducation théologique (Christian Identity and Theological Education, 1985, avec Joseph C. Hough, Jr.) et sur l’éthique (Matters of Life and Death, 1991). Il a ainsi développé le sens de la communauté de l’Église. Par la quantité de ses publications et la qualité de son discours théologique, John B. Cobb est devenu et reste le plus marquant des théologiens du Process.
Serge Gligoric
 
Source : Église Protestante Unie du Saint-Esprit  5, rue Roquépine - 75008 Paris
 
[1] Une excellente introduction en français à cette théologie est Le Dynamisme créateur de Dieu par André Gounelle (Paris, Van Dieren, 2000).
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