Adolf von Harnack, théologien libéral

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Adolf von Harnack
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Adolf von Harnack est né le à Dorpat, dans la province balte de Livonie en Russie - aujourd'hui Tartu en Estonie. Il est décédé le (à 79 ans) à Heidelberg.
 
Professeur, docteur en théologie, en droit, en médecine et en philosophie, conseiller politique, Adolf von Harnack est considéré comme le théologien protestant et l'historien de l’Église le plus considérable de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle et comme l'un des plus importants théoriciens du nationalisme libéral et protestant allemand. Sa famille s'est illustrée dans la résistance au nazisme.
 
Il venait de l’univers du luthéranisme balte : son père, Theodosius von Harnack, était professeur de théologie à l’université de Dorpat et un fidèle de l’orthodoxie luthérienne. Il étudia l’histoire de l’Église à l'Université de Dorpat (1869-1872) puis à l'université de Leipzig où il acquit une vue critique sur l’histoire du dogme chrétien grâce à la théologie d’Albrecht Ritschl et où, dès 1874, en tant que maître de conférences, il commença une série de cours où il traitait de sujets particuliers comme les gnostiques et l'Apocalypse, et qui attirèrent beaucoup l'attention, si bien qu'en 1876 il obtint d’être nommé professeur de Faculté à titre extraordinaire. Dans cette même année, il commença en collaboration avec Oscar Leopold von Gebhardt et Theodor Zahn la publication d'une édition des travaux des Pères de l'Église, Patrum apostolicorum opera, dont une édition abrégée parut en 1877.
 
Adolf von Harnack entendait le protestantisme comme une réforme et une révolution : réforme de l’économie du salut et révolution contre l’autorité de l’Église catholique, contre son appareil hiérarchique grâce à une organisation religieuse indépendante et contre l’Ordo cultuel.
 
Trois ans plus tard, il fut appelé comme professeur de Faculté chargé de l’histoire de l'Église à l'université de Giessen où, à partir de 1882, il collabora irrégulièrement avec Oscar von Gebhardt aux Texte und Untersuchungen zur Geschichte des altchristlichen Litteratur (« Textes et recherches sur l'histoire de la littérature chrétienne ancienne »), qui paraissait périodiquement avec uniquement des essais consacrés au Nouveau Testament et à la patristique. En 1881, il publia un travail au sujet de la vie dans les couvents, Das Mönchtum - seine Ideale und seine Geschichte (« Le monachisme - son idéal et son histoire », 5e édition 1900) et fut avec Emil Schürer rédacteur de la Theologische Literaturzeitung (« Journal de littérature théologique »).
 
Dans l’empire wilhelmien, Adolf von Harnack enseigne à l’université de Berlin ; ses seize leçons sur « L'Essence du christianisme » qu’il prononce au cours du semestre d’hiver 1899/1900, sont suivies par plus de 600 étudiants de toutes les facultés. À partir de 1890 Ernst von Dobschütz (1870-1934), qui devait se faire plus tard une réputation internationale comme historien de l’Église et professeur de théologie, est au nombre de ses étudiants.
 
Adolf von Harnack devient conseiller politique et entretient de nombreux contacts avec le chancelier Theobald von Bethmann-Hollweg. En collaboration étroite avec ceux qui veulent réformer la bureaucratie de l’État, il représente la ligne moyenne, cherchant à équilibrer les intérêts grâce à des réformes sociales, à éviter les conflits par le consensus, luttant contre la polarisation qui fait s’affronter les points de vue et contre l’aggravation des luttes de classe.
 
Les valeurs qu’il défend sont celles du libéralisme bourgeois, favorables à une monarchie parlementaire et constitutionnelle ; ce en quoi il s’oppose à la conception politique autoritaire de l’empire dont il surestime la capacité à se réformer.
 
Sa religion, critique envers la tradition, comprend des idéaux sociaux importants qui sont un symbole du Royaume de Dieu. Il interprète les devoirs d’un chrétien à l’intérieur du monde comme les obligations professionnelles au sein de la communauté. Adolf von Harnack devient en 1911 président de la Kaiser-Wilhelm-Gesellschaft fondée sur sa proposition et, de 1905 jusqu’à 1921, il est directeur général de la bibliothèque Royale (à partir de 1918 bibliothèque d'État) de Prusse.
 
En politique extérieure, Adolf von Harnack défend une entente entre l’Angleterre et l’Allemagne, combat l’impérialisme pangermaniste et prône la modération et le système des compensations. Au cours de la Première Guerre mondiale, dont il est partisan au début, il signe le Manifeste des 93 puis oscille entre rhétorique agressive et pessimisme.
 
À ce moment, sa conception de l'histoire nationale fondée sur la civilisation protestante le conduit à vouloir garantir cette dernière par la création d’États vassaux à l’est. Il interprète la défaite et la révolution de 1918 comme un passage vers la démocratie et le socialisme.
 
Contre la ligne majoritaire du protestantisme, presque entièrement anti-républicain alors, ce républicain conservateur prend position pour la démocratie sociale.
 
Il meurt en 1930 après une courte maladie, il était alors professeur d’histoire de l’Église aux universités de Leipzig, de Giessen, de Marbourg et de Berlin. Son manuel en 3 volumes de l’histoire des dogmes (1886-1890), (plusieurs nouvelles éditions augmentées), est considéré comme la plus importante de ses publications théologiques.
 
Datation des Actes des Apôtres et des Évangiles synoptiques
 
Dans sa Chronologie der altchristlichen Litteratur, Adolf von Harnach avait considéré, en 1897, que deux arguments principaux s'opposaient à une datation précoce des Actes des Apôtres, d'une part, l'Évangile de Luc semblait avoir été composé après la destruction de Jérusalem et d'autre part, un délai était nécessaire pour l'élaboration des légendes de la Résurrection et de l'Ascension. Il proposait alors une date de rédaction des Actes au plus tôt en l'an 78.
 
En 1908, dans Beiträge zur Einleitung in das Neue Testament, III, Die Apostelgeschichte, Harnack expose six motifs qui le conduisent à changer d'avis sur la question de la datation, dont le premier est l'interruption du récit des Actes pendant la captivité de Paul à Rome. Il propose alors une date de rédaction des actes peu après l'an 60.
 
En 1911, dans The Date of the Acts and of the Synoptic Gospels, il étend sa réflexion aux évangiles synoptiques et conclut :
 
« ... nous n'avons rien trouvé qui bouleverse le jugement auquel nous avons été conduit par l'étude critique des Actes des Apôtres : les deuxième et troisième Évangiles, ainsi que les Actes des Apôtres, ont été composés tandis que Saint-Paul était encore en vie, et le premier Évangile seulement quelques années plus tôt. »
 
Source : Wikipédia
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