Le christianisme progressiste, un courant post-libéral de la pensée chrétienne ?

Publié le par la rédaction

Qui a besoin de Jésus ?
 
pasteur de l’Église unie de Nouvelle Zélande
 
Le protestantisme libéral tel qu'il est décrit par l'auteur dans cet article est peut-être celui qui se pratique en Nouvelle Zélande. Il n'est pas représentatif du protestantisme libéral français, voire européen. (Lire l'analyse du professeur André Gounelle au bas de cet article) NDLR
 
Christianisme progressiste

Le christianisme progressiste est un courant post-libéral de la pensée chrétienne qui compte des millions d’adeptes notamment aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Nouvelle Zélande. Je suis particulièrement attachée à ce qu’il demeure proche de la théologie de la Libération et de sa passion pour la justice. Il ne s’agit pas tellement de ce que l’on pense ou croit mais de la manière dont on vit.
 
Loin de la Droite religieuse américaine

Le christianisme progressiste s’oppose notamment à la Droite religieuse conservatrice qui cherche à faire croire qu’elle est la seule légitime sur des sujets comme le mariage, l’union civile, la réforme de la prostitution et l’éducation des enfants.
Le christianisme progressiste s’engage aussi sur le plan politique à propos du réchauffement climatique, de la justice sociale et de la non violence.
Il se différencie également de la théologie libérale qui représentait jusqu’à maintenant la pensée majoritaire en Occident au 20e siècle. Il s’accorde, certes, avec elle sur la nécessité de présenter l’Évangile de manière adapté à notre époque et notamment en accord avec la raison, la science et la démocratie.
Mais, comme l’a écrit Delwin Brown dans son livre « What does a Progressive Christian Believe? » (Que croit un chrétien progressiste ?) : « Les libéraux n’ont pas raison de ne fonder le christianisme que sur la raison (telles qu’ils la conçoivent) plutôt que sur les outils et les tests éprouvés des sciences humaines. Leur théologie s’est, en effet, progressivement muée en philosophie religieuse et a négligé les récits bibliques, les symboles, les idées, les analyses et les impératifs traditionnels du christianisme. »
L’importance du libéralisme a été de déconstruire la théologie médiévale et de rendre aux croyants leur intégrité intellectuelle. Mais les libéraux ont abandonné des éléments importants de la foi chrétienne que les progressistes s’efforcent désormais de retrouver. Ils découvrent que Jésus n’est pas seulement un sage de l’ancien temps mais qu'il est aussi partenaire de notre vie, raconteur d’histoires ; le récit de sa vie pénètre désormais à nouveau notre propre vie. Nos Églises redeviennent dès lors porteuses d’histoire, de celle que les disciples de Jésus ont réussi à transmettre au-delà même de sa mort.
L’histoire de Jésus n’est naturellement pas la seule capable d’illuminer la vie des hommes. Il y a d’autres itinéraires de foi ou de philosophie athée. Mais nous avons tous une conception du monde, nous sommes tous intégrés dans une histoire. Certains participent pleinement à la société de consommation du capitalisme actuel, d’autres au contraire lui résistent activement. Ceux qui y ont été élevés habitent l’histoire chrétienne qui les a modelés. Chacun est guidé par les récits dans lesquels il se reconnaît et qui lui proposent une manière de vivre qu’il veut bien suivre.
 
Moderne – post-moderne

Le libéralisme protestant a intégré, sans les critiquer suffisamment les valeurs des Lumières du 18e siècle. Celles-ci valorisaient les droits de l’individu mais elles ne dénonçaient pas l’oppression de la société. Elle comprenaient la société comme la juxtaposition d’individus autonomes et avaient oublié l’enseignement biblique d’une sagesse humaine collective. Nous sommes encore prisonniers aujourd'hui d’un extrême individualisme sur les plans politique et économique et notre vie collective n’est guère l’objet de nos préoccupations. L’Église, disait pourtant Paul, est un seul corps, nous y sommes membres les uns des autres dans une dépendance mutuelle. Alors que nous sommes dans un temps de crise écologique, l’individualisme est un danger mortel pour nous, pour nos enfants et pour notre planète.
 
[...] Le libéralisme protestant s’est laissé aller à partager les valeurs et les croyances courantes dans la société et il a oublié son héritage de récits et de pratiques cultuelles. Il n’a pas suffisamment « fait de théologie » avec les ressources que procure une réflexion chrétienne de la création, de l’humanité, de la communauté, de la liberté, de la justice, de l’espérance, de la réconciliation, de la guérison et du sens de la vie. Il a négligé les pratiques cultuelles où s’enracine notre vie spirituelle comme la contemplation, l’hospitalité, le discernement, les pèlerinages, la prière, la création de communautés, le respect du dimanche, la recherche du pardon. [...]

La théologie

Le christianisme progressiste nous détourne de la philosophie de la religion au profit de la théologie. Faire de la théologie est réfléchir à ce que nous croyons, pourquoi nous le croyons et comment nous pouvons l’exprimer. De plus, nos croyances doivent être testées selon les conséquences éthiques et les implications qu’elles provoquent. Modelé par la tradition chrétienne je pose systématiquement la question : l’affirmation que vous proposez est-elle vraiment créatrice de vie ? de justice ? de fraternité ?
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Les recherches actuelles concernant le Jésus historique et le milieu social et politique qui était le sien apportent aux chrétiens progressistes d’importants éléments utiles à leur théologie. En effet notre foi est remodelée par la connaissance du Jésus historique et l’image que nous nous faisons de lui. Nous ne le considérons plus comme un Christ surnaturel (la divinité peut être tout à fait naturelle sans être surnaturelle). Nous ne parlons plus de conception virginale, de naissance divine, de miracles surnaturels, de résurrection corporelle ni d’ascension au ciel. Nous ne disons plus non plus que Jésus nous sauve par son sacrifice qui apaise la colère d’un Dieu juge. Il demeure néanmoins pour nous le saint, celui qui nous révèle Dieu (la puissance sainte).
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Que signifie Jésus ?
 
Le Nouveau Testament ne nous dit pas seulement « ce qu’a dit Jésus » ou « ce qu’il a fait » mais surtout ce que son ministère « signifiait ». Et la question se pose alors : « quelle signification attribuons-nous, nous-mêmes aujourd'hui à son ministère ? ». A cette question, le christianisme progressiste peut apporter plusieurs réponses mais toutes sont fondées sur une réflexion concernant la pleine humanité de Jésus.

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Le salut dont parle le Nouveau Testament n’est pas avant tout individuel ; il est transformation, transfiguration du monde. Jean disait : « Dieu a tant aimé le monde » et Paul parle dans l’épître aux Romains du salut de la « création tout entière ». Nous serions bien inspirés de repenser cette présence au monde.
Je ne parle pas ici d’un Dieu théiste, personnel, intervenant de l’extérieur dans la vie du monde, mais de Dieu en tant qu’énergie, en tant que puissance sacrée. Nous avons la grande vision de tous les êtres vivants animés de la même force de Vie, du même Esprit émanant du Dieu unique et donc tous unis, interconnectés les uns aux autres. Cette sagesse a été révélée par Jésus ainsi que par d’autres prophètes et penseurs éclairés au cours des siècles et les connaissances scientifiques actuelles nous la rendent toujours plus convaincante, et confirment la vision du monde renouvelée qu'elle nous propose.
L’évangile de Jean présente Dieu comme le logos du monde, comme la structure propre des particules atomiques du cosmos. En tous cas ce que les chrétiens en disent est que Jésus de Nazareth nous le fait connaître. Le divin ne fait qu’un avec le cosmos et tous ses éléments. Dieu est dans le monde, uni au monde ; il est avec nous et avec toute la création, pleinement Dieu, pleinement monde, pleinement un.
 
Ceci nous conduit à une attitude positive et sans crainte à l’égard du monde considéré comme notre cité. Nous sommes ouverts à la science, nous partageons les valeurs de bien d’autres hommes, nous discernons la présence de Dieu dans de nombreuses autres cultures, dans les arts et les philosophies, nous promouvons la guérison du monde et nous approuvons les réflexions et les recherches des fidèles des autres religions.
 
« Christ » n’est pas le titre de Jésus seul, et n’est naturellement pas son nom de famille ! C’est le nom que nous donnons au Logos de Dieu. Nous apprécions et nous aimons notre tradition religieuse, nous sommes heureux de la proposer à notre entourage, mais celle-ci ne doit pas être privilégiée par rapport aux autres chemins conduisant au logos de Dieu. Nous offrons aux fidèles des autres religions ce qui nous semble être dans notre foi le « message du salut » et nous sommes disposés à apprécier le leur. Quant à ceux qui ne veulent aucune religion, nous reconnaissons qu’il y a effectivement une autre manière de penser que la nôtre. A ceux qui ont faim de vérité et qui cherchent, nous offrons l’hospitalité et notre compassion.
 
Jésus : justice et communauté

A partir de l’affirmation de cette théologie – ou christologie – du monde, j’en reviens à mon propos de justice et communauté et de ce que nous perdrions en ce 21e siècle si nous ignorions le Jésus historique. Je crois que nous ne pouvons pas « désincarner » Jésus de son époque et conserver sa sagesse tout en négligeant les récits que ses disciples ont produits. Jésus n’est pas un maître de sagesse intemporelle indépendant de son peuple et cette vérité doit particulièrement retenir l’attention de ses disciples actuels qui sont blancs, occidentaux, issus de la classe moyenne privilégiée. Séparer Jésus de son contexte de vie politique et religieuse et se contenter d‘appliquer dans nos existences paisibles la « règle d’or » (ne pas faire aux autres ce qu’on n’aimerait pas qu’ils nous fassent) revient à oublier que, pour Jésus, la compassion participe à la recherche d’une justice qui renverse l’ordre établi.
Les communautés chrétiennes progressistes devraient être caractérisées par leur recherche collective et non pas seulement individuelle de la justice sociale. La base nécessaire d’un tel engagement est la lecture de la Bible. Les concepts d’alliance, d’hospitalité et de justice se trouvent au cœur du témoignage biblique et s’opposent aux attitudes courantes de puissance, de responsabilité et de liberté individuelle.
 
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Avec des paraboles comme celle du bon Samaritain, Jésus dit à ses disciples que l’hospitalité concerne les étrangers, les ennemis et ceux qui sont en danger. Dans Matthieu 25, il invite à nourrir ceux qui ont faim, à donner à boire à ceux qui ont soif, à accueillir les étrangers, vêtir ceux qui sont nus, soigner les malades et visiter les prisonniers. Il rappelle que l’alliance exige la justice pour les plus vulnérables.
Évidemment si nous voulons comprendre vraiment le sens du message de Jésus, nous devons avoir une connaissance suffisante du milieu social et politique où il s’est exprimé.
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John Dominic Crossan souligne l’aspect révolutionnaire du programme de Jésus à une époque où le système économique dominant était régressif. La fiscalité notamment handicapait les agriculteurs, les amenait à perdre la possession de leurs terres et à se retrouver simples ouvriers agricoles, vulnérables, parfois même réduits à la mendicité et donc marginalisés.
Par ailleurs, la société était marquée par le clivage pur-impur. Être riche n’était pas automatiquement un gage de pureté mais être vraiment pauvre rendait certainement impur. Cela créait un monde où l’opposition était forte entre pur et impur, juifs et païens, justes et pécheurs, riches et pauvres, hommes et femmes. Un monde très hiérarchique, patriarcal, autoritaire. C’est dans ce contexte qu’il convient de situer le ministère de Jésus qui récuse notamment la valorisation de la pureté au profit de la compassion. Jésus modifie le commandement du Lévitique : « soyez saints comme Dieu est saint » (19. 2) en « ayez de la compassion comme Dieu a de la compassion » (Luc 6. 36)
 
Les actes de Jésus contredisent aussi le système de pureté. C’est évidemment le cas lorsqu’il guérit des lépreux. C’est aussi le cas des repas qu’il partageait avec des hommes considérés comme impurs et dont il récusait l’exclusion au nom de la compassion de Dieu. Il pratiquait une ouverture systématique – et inhabituelle à l’époque – à l’égard des femmes, des intouchables, des pauvres, des handicapés, des marginalisés et y invitait tous ceux qui approuvaient cette compassion.
 
Récuser les règles de pureté au nom de la compassion et garder table ouverte pour les exclus sont des pratiques de la nouvelle justice de Jésus que nos communautés progressistes du 21e siècle doivent prendre comme exemples dans leur conduite et dans leur culte. Elles étendent le refus de l’idéologie de pureté au féminisme et au refus de l’homophobie et élargissent la préoccupation traditionnelle du christianisme de soutenir les pauvres et tous ceux qui souffrent à la passion écologique de protéger la planète en réduisant la pollution.
Le christianisme progressiste ne s’adresse pas seulement aux individus mais à l’ensemble de la collectivité.
 
Spiritualité et communauté

L’une des caractéristiques du christianisme progressiste, comparé à l’ancien libéralisme protestant est son désir d’approfondir la spiritualité de la communauté. Traditionnellement, le libéralisme négligeait le vécu et l’aspect émotionnel du culte et c’est sans doute cette insuffisance qui m’a conduit personnellement dans ma jeunesse à rejoindre le mouvement charismatique des évangéliques. (Je n’ai pu supporter longtemps son atmosphère anti-intellectuelle et coupée de la vie du monde).
Les chrétiens progressistes ne sont pourtant pas simplement des activistes sociaux et intellectuels. Ils vivent leur spiritualité en méditation, en prière, par des moyens artistiques et un culte vivant dans lequel tous peuvent participer et s’exprimer. En effet, si nous ne conservons que des paroles de Jésus séparées de la vie réelle de notre communauté et que nous vivons ainsi de manière individualiste, nous n’entrons pas dans la pensée du Jésus historique. Nous avons besoin d’être sans cesse rappelés à la réalité par les récits des évangiles. Ils sont imprégnés d’une tradition et d’une culture si différentes de la nôtre que, paradoxalement, ils sont capables de projeter une lumière nouvelle sur nos problèmes actuels.
 
Jésus a besoin de nous

[...]
Il est nécessaire qu’au moins certains d’entre nous demeurent dans l’institution de l’Église pour continuer à transmettre son message de vie. Les gens de l’extérieur des églises qui sont attachés à la construction d’un monde plus juste, sont parfois confrontés dans des conversations privées, à des gens faisant profession d’un christianisme conservateur et déniant aux minorités leurs droits et même leur pleine citoyenneté. Ils sont alors heureux de connaître les arguments positifs sur ces questions, émanant des voix religieuses progressistes. Nous ne devons pas les en priver. Si nous laissons la place aux fondamentalistes, nous perdons non seulement une Église où aller mais nous renonçons aussi à une parole qui a tant à donner au monde pour sa vie.
 
Inter-religion

La Nouvelle Zélande comprend un nombre important de communautés religieuses minoritaires souvent profondément enracinées dans leur tradition spirituelle. Il est important que nous connaissions leurs doctrines et leurs engagements religieux afin d’être capable d’entrer en dialogue avec elles. D’autant plus que la religion n’est pas seulement une affaire de conviction personnelle mais d’implication dans la vie citoyenne du pays. Et il faut reconnaître que ces contacts interreligieux sont plus faciles pour les chrétiens progressistes que nous sommes qu’ils ne le sont pour les chrétiens conservateurs ou pour les gens sans religion.
Les progressistes de toutes les religions sont bien placés pour établir des ponts entre croyants et avec ceux qui ont une vision profane de la société. Nous pouvons y participer.
 
Communautés de résistance et de solidarité

En conclusion nous avons besoin de Jésus non pas parce qu’il nous manquerait quelque chose, mais parce que nos options éthiques sont enracinées dans son histoire et celle de ses disciples. Parce que nous ne pourrions penser comme nous le faisons sans lui. Parce que nous avons besoin de participer à une communauté active. Le changement social, la justice, la guérison du monde, la libération, le salut – appelez cela comme vous voulez – ne sont possibles que lorsque des hommes agissent ensemble.
La communauté des chrétiens progressistes s’en tient au souvenir – dangereux – de Jésus. Elle le nomme, le promeut, le célèbre, le ritualise, le partage. Elle ne s’en attribue pas l’exclusivité mais est prête à s’allier avec tous ceux qui s’impliquent dans la transformation du monde pour la paix et la justice. Nous en débattons entre nous et avec les autres communautés.
Et nous avons, peut-être plus que les autres, une vision qui nous anime. Il y a quarante ans, Lloyd Geering a parlé de la Résurrection comme d’un symbole de l’espérance et c’est à nous de la faire agir effectivement avec puissance et non de la laisser n’être qu’une référence théorique et vaine. En tant que disciples progressistes de Jésus, nous nous efforçons d’être fidèles dans notre espérance, dans notre vision alternative, même si la pensée dominante de ce monde la traite d’irréaliste et d’utopique.
 
Nous avons tous, consciemment ou non, une vision de notre histoire. Lorsque nous sommes inconscients, c’est la vision de la richesse et de la réussite : celui qui gagne est celui qui a accumulé le plus de jouets avant de mourir.
 

Pour vivre avec une autre vision il faut s’efforcer d’être conscient. L’histoire de Jésus, que l’on raconte, que l’on répète et que l’on interroge, nous permet de vivre consciemment en l’intégrant dans notre cœur.
 
 
Margaret Mayman,
pasteur de l’Église unie de Nouvelle Zélande
 
Traduction : Gilles Castelnau
Texte intégral en anglais / Full text in English Who needs Jesus ?
 
Source : Protestants dans la ville, le 11 avril 2015
 
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Analyse et commentaire du professeur André Gounelle
 
Cet article m’a étonné et je ne vois pas bien de quoi il parle. La Nouvelle Zélande est loin, le contexte religieux, culturel, théologique n’est pas le nôtre et je pense que les mêmes mots renvoient à des réalités différentes. Ce qu’il appelle « protestantisme libéral » me semble correspondre à un rationalisme spiritualiste assez évanescent que j’ai rencontré chez certains américains, et je ne m’y reconnais pas du tout. Ce que nous appelons « protestantisme libéral » en France (voir mes livres) est tout autre chose et quelque chose d’assez proche par plusieurs aspects de ce que l’article nomme « protestantisme progressiste ». Du coup l’article, probablement pertinent dans son contexte, ne l’est pas, ou l’est peu, dans le nôtre ; d’autant plus que s’il appelle à faire de la théologie, sa teneur théologique est mince.
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