Devenir pasteur ne s'improvise pas
Raisons internes : un seul exemple suffira. Une des méthodes exégétiques est appelée Wirkunggeshichte, c'est à dire histoire de la réception d'un texte (l'allemand est plus précis : histoire des effets d'un texte). Inutile de dire que des notions solides en histoire des Églises, en dogmatique (histoire des dogmes en particulier) et en systématique (pour comprendre comment la pensée théologique s'organise à partir des textes bibliques), ces notions sont indispensables à l'exégèse, donc à la formation pastorale.
Raisons externes : la pensée chrétienne et la pastorale impliquent de nombreux éléments qui sont liés aux diverses branches de la théologie : théo-logie (sur Dieu) organisée, réflexion sur le rôle et la personne du Christ (christologie).
La Bible comporte plusieurs visions du Christ : comment s'y retrouver ? quels éléments mettre en valeur dans telle situation ? etc .). La théologie pratique fait réfléchir sur les situations pastorales : cultes, entretiens d'aide, catéchèse, etc. L'éthique aide à aider dans les domaines moraux. Etc.
Sans aller plus loin, il me semble que cela met bien en évidence la nécessité d'une formation complète pour un pasteur, une formation qui comporte l'exégèse, mais pas seulement. Le métier de pasteur devient de plus en plus spécialisé (aumônier d'hôpital, spécialiste en catéchèse, en formation d'adultes, pasteur de paroisse, etc.) Il fait de plus en plus appel à des sciences différentes : psychologie, pédagogie, sociologie, écoute, etc. La formation en cinq ans (jusqu'à la maîtrise académique) est à peine suffisante : la formation continue est devenue indispensable pour être un pasteur adéquat. J'ajouterais que tout cela ne sert de rien, si le pasteur n'a pas certaines qualités personnelles au départ. C'est un plus indispensable, mais insuffisant.