Logos et Christ

Publié le par la rédaction

Du Logos au Christ
 
Dans la ligne de l'évangile de Jean, les théologiens du Process identifient le Christ avec le Logos. Pour eux, ces notions se recouvrent, et leurs définitions coïncident. Dans les deux cas, nous avons affaire à la même réalité. « Le Logos est un autre nom pour le Christ », affirme John B. Cobb. « Christ » désigne, selon lui, comme Logos, la puissance divine de transformation créatrice. Quand cette puissance agit, on peut parler de la présence du Christ, qu'on la confesse et qu'on en ait conscience ou non.
 
L'utilisation de deux mots distincts ne relève, cependant, pas d'un simple hasard ou d'un accident linguistique sans signification profonde. Ils ne sont pas, en effet, entièrement synonymes, ni totalement interchangeables. S'ils renvoient bien à la même réalité, ils en indiquent deux aspects différents. La notion de Logos a un caractère général, abstrait et métaphysique. Elle désigne l'action de Dieu telle qu'elle s'exerce dans de multiples cas. Quand cette action se fait sentir dans une situation précise, et s'investit dans une figure particulière, alors elle devient Christ, ou plus précisément, elle suscite des personnages ou des événements qu'on peut qualifier de « christiques », parce que le Logos les habite et les meut. Logos indique ce qu'il y a de commun à toutes les manifestations christiques. Christ désigne une forme particulière, on pourrait presque dire sensible du Logos. « Le Christ, écrit John B. Cobb, est l'incarnation du Logos, ou le Logos en tant qu'incarné ».
 
De manière symbolique, sans prétendre se fonder sur une exégèse scientifique ou littérale, on pourrait dire qu'au début du récit de la création, au verset 2 du premier chapitre de la Genèse, l'Esprit de Dieu qui plane sur les eaux correspond au Logos. La puissance créatrice de Dieu, à l'affût, attend le moment opportun pour passer à l'action. Au verset 3, la parole retentit et se fait entendre. Dieu dit « que la lumière soit », et alors le Logos se concrétise, l'Esprit s'incarne, et le Christ surgit ou se produit. La théologie classique a eu raison d'associer le Christ à la création. Malheureusement elle a obscurci et embrouillé une intuition juste en ne distinguant pas le Christ de Jésus, et en faisant, par conséquent, intervenir Jésus dans la création, thèse peu crédible et difficilement pensable, qui, de plus, nie implicitement son humanité.
 
Ces formulations et images risquent d'égarer. Elles donnent, en effet, l'impression que le Logos se situe en dehors des personnages ou événements christiques, alors qu'il n'existe et ne se trouve qu'en eux. Le Logos ne préexiste pas à son incarnation. Il n'a pas de lieu en dehors des manifestations christiques, ni une réalité indépendante d'elles. Il en est la structure commune. Il se déduit de la figure concrète de Christ. Nous expérimentons le Christ, et nous discernons le Logos quand nous nous mettons à penser cette expérience, et que nous en cherchons le sens profond.
 
André Gounelle, Le Dynamisme Créateur de Dieu, extraits, pages 124 et 125.
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